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L’article Backpacker au cinéma, spoil de voyage et tour du monde est apparu en premier sur AnthroStory.
J’avais proposé aux auditeurs de voyagecast de poser des questions, histoire d’y répondre dans l’épisode anniversaire des deux ans de voyagecast. Problème: j’ai reçu trop de questions, et j’ai donc dû faire deux épisodes pour y répondre de façon complète. Le premier épisode est par là, dans celui-ci on aura encore de géniales questions sur la philosophie de voyage, les films de voyage ou encore le budget pour un tour du monde…
Silveric: en tant que cinéphile, quels sont les films qui te font le plus voyager ou te donnent le plus envie de voyager ?
On va enregistrer un podcast spécial cinéma prochainement, mais je vais t’en donner quelques-uns.
Easy Rider, même si j’ai beaucoup de peine à le regarder jusqu’à la fin, c’est tellement triste. Mais j’aime bien, ça nous rappelle un point hyper important en tant que voyageur, mais j’en parlerai dans notre épisode cinéma.
Je suis aussi un grand fan de Sofia Coppola, et forcément de Lost in Translation. Bill Murray et Scarlet Johansson perdus à Tokyo, j’adore. C’est aussi un des films où je m’identifie le plus aux protagonistes, ce sentiment de perte, de décalage total avec la réalité qu’on vit et celle perçue par ceux restés au pays… J’avoue, j’emporte ce film en voyage sur ma tablette… et accessoirement la musique est géniale, comme dans tous les films de Sofia Coppola d’ailleurs !
Sinon il y a Into the Wild aussi, même si je ne suis pas du tout en accord avec le film, mais les paysages sont magnifiques.
Par contre, il n’y a pas vraiment de films qui me donnent envie de voyager, c’est plus de l’inspiration dans le sens général, une inspiration à se bouger, à innover, à entreprendre, donc pas forcément des films de “voyage”.
– D’après toi, pourquoi le mode de voyage type Backpacker n’inspire pas plus les cinéastes ?
Bonne question. Pour y répondre, j’ai envoyé un petit mail à Julien, alias Dravenhardrock du podcast 24 fps, un podcast sur le cinéma que j’adore, je suis un grand fan et chaque épisode est un délice ! Son analyse est très proche de la mienne.
Déjà, il nous a semblé qu’il y a peu de films typés Backpacker, maintenant ou avant, malgré une certaine culture cinématographique, on n’en a pas trouvé beaucoup. Il faut noter qu’en disant “cinéaste”, tu as parlé de cinéma, et pas de documentaires, de reportages ou même de fictions qui sont diffusés dans des festivals, à la TV ou sur le NET, ou là par contre il y a une offre étendue et qui va en grandissant, les caméras sont de moins en moins chères et on voyage de plus en plus facilement.
En parlant de film de Backpacker, on pense tous à l’excellent Into the Wild, une référence en la matière. Draven cite aussi Easy Rider et Vanishing Point, on peut faire une comparaison avec les écrits de Jack Kerouac, mais ça commence à dater sérieusement.
Draven souligne aussi la faible variété de scénarios possibles dans ce genre de films. Je suis d’accord avec lui, le mec qui part avec son sac à dos découvrir le monde… OK, cool, and so what ? Est-ce qu’il y a un intérêt à suivre ce genre d’aventure au cinéma ? Pour moi, pas vraiment, à moins d’avoir une histoire “vraie” du genre Into the Wild ou The Motorcycle Diaries, ou le côté historique est intéressant.
Draven poursuit avec la mutation de ces thèmes, et là je ne peux qu’être d’accord avec lui ! Le voyage, la découverte, le contact avec une civilisation différente, les paysages, tout ça peut être transposé dans une multitude de films. Il cite l’excellent Monsters, qui est vraiment top, la vie rêvée de Walter Mitty et ses paysages incroyables, ou alors les films d’horreur du type Wolf Creek et Hostel.
Le post-apocalyptique est aussi un bon terreau pour ce qui est du voyage, du genre la Route ou le Livre d’Eli, les films de zombie avec 28 jours plus tard, I’m a legend ou Zombieland.
Il faut savoir qu’au cinéma, en principe il faut un scénario (même si visiblement c’est compliqué d’en pondre de corrects à Hollywood). Comme je l’ai dit avant, un mec qui part découvrir le monde, ça n’a pas franchement d’intérêt, à moins d’avoir un élément déclencheur d’histoire, comme dans 127 heures ou le très bon Territoire des loups. Mais bon, dans les deux cas ce n’est pas franchement du voyage, en tout cas pas souhaité pour le deuxième !
Draven finit en disant qu’il vaut mieux se tourner vers le documentaire pour les histoires de Backpacker, et je suis d’accord, même si là aussi il y a de tout, et souvent de la philosophie très light ou du très contemplatif, pas forcément mon style.
Ca va vous paraître étonnant que je n’aime pas les films de Backpackers, mais pour moi la majorité, même en documentaire, c’est du flan sans aucun intérêt mis à part de soutenir une image idéalisée du Backpacker, ceux qui voyagent savent que la réalité, ce n’est pas du tout ça. Actuellement, prendre son sac à dos et voyager, ce n’est ni étonnant, ni exceptionnel, on a tous des amis qui le font et même si on aime parler avec eux, est-ce qu’on en ferait de bons films ? Pas sûr… Quand je voyage, j’ai un sac à dos, et même si on peut toujours en tirer quelques histoires, franchement ce n’est pas possible d’en faire un film, encore moins d’en faire un film à succès.
– À force de te pencher sur le sujet du voyage, n’as-tu pas l’impression que notre planète est de plus en plus petite ? Qu’il n’y a plus rien à découvrir ? Qu’au final voyager est devenu incroyablement banal ? Que l’aventure en voyage ne se résume qu’à des galères de transport ou d’hébergement ? J’y vais un peu fort avec ces questions, mais c’est un peu le sentiment qui me vient à force de lire des récits de voyageurs lors de ma préparation de mon futur gros trip.
Haaa… alors là, je t’offre une bière quand tu veux pour cette question, je suis très heureux d’y répondre. Tu sais quoi, je vais en profiter pour lire un extrait d’un livre qui est pile dans la thématique, je te dirai de qui il est ensuite…
“Je choisis, au hasard, un nom tout confit encore de prestiges par la légende, Lahore.
Un terrain d’aviation dans une banlieue imprécise; d’interminables avenues plantées d’arbres, bordées de villas; dans un enclos, un hôtel, évocateur de quelques haras normands, aligne plusieurs bâtiments tous pareils, dont les portes de plain-pied et juxtaposées comme autant de petites écuries donnent accès à des appartements identiques: salon par-devant, cabinet de toilette par-derrière, chambre à coucher au milieu. Un kilomètre d’avenue conduit à une place de sous-préfecture d’où partent d’autres avenues bordées de rares boutiques: pharmacien, photographe, libraire, horloger. Prisonnier de cette vastité insignifiante, mon but me paraît déjà hors de portée. Où est-il, ce vieux, ce vrai Lahore ? Pour l’atteindre à l’extrémité de cette banlieue maladroitement implantée et déjà décrépite, il faut encore parcourir un kilomètre de bazar où une joaillerie à la portée des petites bourses, qui travaille à la scie mécanique un or de l’épaisseur du fer-blanc, voisine avec les cosmétiques, les médicaments, les matières plastiques d’importation. Vais-je enfin le tenir dans ces ruelles ombreuses où je dois m’effacer le long des murs pour faire place aux troupeaux de moutons à la toison teinte de bleu et de rose, et aux buffles – chacun gros comme trois vaches – qui vous bousculent amicalement, mais plus souvent encore aux camions ? Devant ces boiseries croulantes et rongées par les ans ? Je pourrais deviner leur dentelle et leurs ciselures si l’abord n’en était interdit par la toile d’araignée métallique que lance, d’un mur à l’autre et par toute la vieille ville, une installation électrique bâclée. De temps en temps aussi, certes, pour quelques secondes, sur quelques mètres, une image, un écho surnageant du fond des âges: dans la ruelle des batteurs d’or et d’argent, le carillonnement placide et clair que ferait un xylophone frappé distraitement par un génie aux mille bras. J’en sors pour tomber aussitôt dans de vastes tracés d’avenues coupant brutalement les décombres (dus aux émeutes récentes) de maisons vieilles de cinq cents ans, mais si souvent détruites et réparées que leur indicible vétusté n’a plus d’âge. Tel je me reconnais, voyageur, archéologue de l’espace, cherchant vainement à reconstituer l’exotisme à l’aide de parcelles et de débris.
Alors, insidieusement, l’illusion commence à tisser ses pièges. Je voudrais avoir vécu au temps des “vrais” voyages, quand s’offrait dans toute sa splendeur un spectacle non encore gâché, contaminé et maudit; n’avoir pas franchi cette enceinte moi-même, mais comme Bernier, Tavernier, Manucci… Une fois entamé, le jeu de conjectures n’a plus de fin. Quand fallait-il voir l’Inde, à quelle époque l’étude des sauvages brésiliens pouvait-elle apporter la satisfaction la plus pure, les faire connaitre sous la forme la moins altérée ? Eût-il mieux valu arriver à Rio au XVIIIe siècle avec Boufainville, ou au XVIe avec Léry et Thevet ? Chaque lustre en arrière me permet de sauver une coutume, de gagner une fête, de partager une croyance supplémentaire. Mais je connais trop les textes pour ne pas savoir qu’en m’enlevant un siècle, je renonce du même coup à des informations et à des curiosités propres à enrichir ma réflexion. Et voici, devant moi, le cercle infranchissable: moins les cultures humaines étaient en mesure de communiquer entre elles et donc se corrompre par leur contact, moins aussi leurs émissaires respectifs étaient capables de percevoir la richesse et la signification de cette diversité. En fin de compte, je suis prisonnier d’une alternative: tantôt voyageur ancien, confronté à un prodigieux spectacle dont tout ou presque lui échappait – pire encore inspiraient raillerie et dégoût; tantôt voyageur moderne, courant après les certitudes d’une réalité disparue. Sur ces deux tableaux je perds, et plus qu’il ne semble: car moi qui gémis devant des ombres, ne suis-je pas imperméable au vrai spectacle qui prend forme en cet instant, mais pour l’observation duquel mon degré d’humanité manque encore du sens requis ? Dans quelques centaines d’années, en ce même lieu, un autre voyageur, aussi désespéré que moi, pleurera la disparition de ce que j’aurais pu voir et qui m’a échappé. Victime d’une double infirmité, tout ce que j’aperçois me blesse, et je me reproche sans relâche de ne pas regarder assez.”
Et peu plus loin, l’auteur cite Chateaubriand:
“ Chaque homme porte en lui un monde composé de tout ce qu’il a vu et aimé, et où il rentre sans cesse, alors même qu’il parcourt et semble habiter un monde étranger”.
Vous voulez savoir qui l’a écrit ? Claude Lévi-Strauss. Une idée de l’époque de laquelle il parle ? Le livre est édité en 1955, c’était vraisemblablement dans les années 40, je n’ai pas de date plus précise.
Je trouve que cette réflexion rejoint bien ta question, aujourd’hui tout est découvert ? Au niveau villes et grands endroits, oui, certainement. Et alors ? C’était mieux avant ? Pas sûr, en tout cas Lévi-Strauss se pose la question.
Ma réflexion personnelle maintenant. Déjà, la découverte. Pour moi, c’est surfait, et surtout très faux. Les grands découvreurs sont surtout des communicants ou des symboles européens, on ne découvre pas l’Amérique ou Angkor Wat, c’était déjà là avant. Donc, personnellement, je me fiche bien qu’il y ait encore ou pas des choses à découvrir, pour moi, moi tout seul, se sera de toute façon une découverte.
Tu as posé des questions sur le cinéma, je vais répondre en utilisant cet exemple. L’autre jour, j’ai été voir le nouveau Godzilla, même si j’y ai trouvé des trucs idiots, j’ai aimé, et certaines images m’ont scotchées à l’écran. Tu sais à combien ils en sont au box-office ? 325 millions de dollars. Je ne suis pas le premier à l’avoir vu, je n’étais même pas le seul dans la salle, des milliers de gens vont encore le voir… mais j’ai adoré. Le voyage, c’est la même chose, quelle importance de savoir que l’endroit où tu es a été foulé par des centaines de milliers de touristes ? Tu prends ton pieds ? C’est le principal.
Tu parles de banalité et de manque de découverte, je vais prendre un autre exemple pour le cinéma. Imagine que tu veux aller voir le dernier X-Men. Avant la séance, tu vas voir les 15 trailers différents, les scènes qu’on a pu voir un peu partout, tu lis le synopsis, tu lis les interviews du réalisateur et des acteurs, et peut-être même les critiques de la presse. Ensuite, tu vas voir le film. En sortant, tu dis que le film n’a aucune surprise, que tu savais déjà tout, qu’il n’y a aucune découverte, bref, tu es déçu. Tu me vois venir un ?
Ne vous spoilez pas avant le voyage ! Actuellement, entre les cartes en 3d, les reportages, les documentaires, les photos et les vidéos HD d’un peu partout, tu peux littéralement voyager devant un écran. C’est bien, surtout pour ceux qui n’ont pas la chance de se déplacer pour de vrai. C’est peut-être de là que te vient l’idée qu’il n’y a plus rien à découvrir, mais c’est complètement faux. Cette avalanche d’images, ça coupe le plus important, l’imagination. C’est la force du livre et de l’audio je trouve, te parler d’un endroit sans te le montrer, en te donnant assez d’infos pour vouloir y aller, mais en préservant l’effet de surprise. Donc, si tu as l’impression d’avoir tout vu avant même de voyager, c’est peut-être que tu as abusé de vidéos
Dernier point, peut-être même le plus important par rapport à cette question. Prenons les Philippines, où j’ai eu la chance d’aller en début d’année.
El Nido, le coin le plus visité de Palawan, vu dans des films, il y a des hôtels en bord de plage, pas encore le tourisme de masse, mais déjà plus le coin perdu. Un de mes plus beaux souvenirs, à part la virée en moto ? Ma discussion avec les jeunes du coin, à quelques mètres de la guest house, à 3 heures du matin, à boire du thé au rhum qui se transformait en rhum à l’arrière-goût de thé avec le temps…
Deuxième souvenir, la prison d’Iwahil, à Puerto Princessa, où beaucoup de locaux se rendent chaque jour, mais aussi quelques touristes. Mes deux meilleurs moments ? Ma discussion avec un prisonnier et ma rencontre avec une jeune femme, volontaire pour aider au nettoyage de la prison, avec qui j’ai mangé et parlé de sa vie.
Troisième et je m’arrête. C’est dans les montagnes cette fois, du côté de Banaue et de Batad et de leurs rizières en terrasses. On est dans un très petit village, on arrive à la fin du jour, et les gamins m’invitent à jouer au handball, trop la folie ! Ensuite, on a passé la soirée avec les deux Français qui m’accompagnaient et un jeune du village avec qui on a discuté d’économie, de riz, de famille et de la vie au village.
J’avais dit dernier, mais je rajoute… À Pékin. Premier meilleur souvenir, mon souper dans un des meilleurs restaurants de Pékin, accompagné par un pur hasard d’ingénieurs de chez Apple, une soirée délire comme pas possible, énorme. Le deuxième, c’est ma rencontre dans un bus avec deux jeunes Chinois, que j’ai fini par suivre pour aller skier alors que j’étais en route pour voir la muraille, on a fini la soirée en mangeant du canard laqué quelque part dans Pékin, un truc de malade.
Tu me vois venir non ? Le voyage, c’est des rencontres, et tant qu’il y aura des humains sur terre autre que toi, chaque voyage sera une découverte, une nouveauté, que personne d’autre ne pourra vivre à part toi.
Et puis, il faut arrêter avec le “tout est pourri par le tourisme et il n’y a plus rien de bien”. Les grands reporters vous diront toujours qu’il suffit parfois de faire 500 mètres dans une direction autre que celle de la majorité pour être seul et voir autre chose.
Par exemple, Sabang aux Philippines, est un endroit très visité pour ces grottes ou on peut aller en bateau. Chaque jour, c’est des centaines de personnes qui sont déversées prêt du petit port pour aller à la visite souterraine. Nul. Mais tu vois, s’il est vrai qu’en partant sur la droite tu trouveras de grands hôtels, il suffit de prendre à gauche et de faire 500 mètres pour être dans le petit village, entre combats de coqs une sorte de billard et vie tranquille d’un village côtier. Un kilomètre et tu es dans un endroit incroyable, seul, dont je ne vais même pas parler tellement c’est magnifique. Et puis, les touristes partent tôt dans l’après-midi, laissant le village reprendre son calme, et c’est de nouveau un endroit au top…
Il ne tient qu’à nous, voyageur, de faire ces 500 mètres pour découvrir une autre réalité.
Quant à l’aventure, on pourrait en parler longtemps, mais il y a des treks incroyables ou tu ne croiseras presque personne, la mer qui est toujours une aventure… Ne pas oublier que l’aventure, c’est aussi très idéalisé, Indiana Jones c’est beau au cinéma, en vrai, quand t’es dans la forêt avec des moustiques partout, des sangsues, que t’en peux plus de fatigue… tu te dis que c’est bien assez.
Les explorateurs et les colons ont vécu de l’aventure, et des milliers en sont mort, de maladie dégueu, tués par des bestioles ou des indigènes, tout ça pour une vie souvent misérable, entre la malnutrition et le danger omniprésent. Ce n’est pas mon truc, autant j’aime bien prendre une bonne suée, atteindre mes limites et essayer de les dépasser, autant j’aime bien savoir qu’il y a peu de chances que j’y reste… Du fun oui, de l’effort aussi, moustiques et sangsues, ça passe même si c’est dégueu, je n’ai personnellement pas besoin de plus
– Est-ce que le travail que tu fournis sur ton podcast a pu t’ouvrir des portes ? (Sponsor, proposition professionnelle ?)
Oui et non. Au niveau pro, je suis mécanicien de précision, donc ça n’a pas grand-chose à voir avec le podcast ou le voyage. Par contre, j’ai mis l’adresse du blog dans mon CV, et des recruteurs m’ont rappelé pour me dire que c’était bien, et qu’ils le mettraient en avant pour leurs clients, ça fait carrément mieux que “passionné par les Simpson” ou “fan de Games of Thrones”.
Au niveau sponsor, j’en ai eu un sur l’épisode 40 sur la Thaïlande, qui m’a rapporté 200 euros, et sinon j’ai aussi eu une croisière sur les canaux en France et quelques entrées gratuites dans des musées. Cool, mais ce n’est pas avec ça que je mange, et non plus pas avec ça que je me rembourse sur les dépenses de voyagecast. Mais, il faut dire que je ne cherche pas activement des sponsors, il faut que je m’y mette pour mon projet au Canada, on verra comment ça marche.
Je pense que sans voyagecast je n’aurai pas eu l’idée de participer au Grand Bivouac, et c’est quand même un truc sympa qui me met en relation avec les pros, quand à savoir ce que ça va donner “en vrai”, on verra, mais j’ai de bons espoirs.
Ce qui est sûr, c’est que le Jonathan d’il y a deux ans en savait beaucoup moins sur le voyage, sur les interviews, sur l’audio, sur le bloging, sur l’organisation d’événements, bref, sur pleins de choses. Pour moi, tout ce qu’on apprend est toujours susceptible de servir un jour, voire même de rapporter, donc en soit, ce n’est pas une perte, loin de là, on verra ce qu’il se passera dans le futur !
Mais bon, en vrai, j’aime beaucoup mon métier de mécanicien, même si j’aimerai bien tester la radio, pourquoi pas
Que penses-tu de ces voyageurs/blogueurs qui ont fait de leurs conseils aux voyageurs leur business (PDF payant dispo sur leur site par exemple)
Pourquoi pas.
J’écoutais Mike de NipTech l’autre jour, qui disait qu’on a commencé à donner gratuitement des choses qu’on aurait dû payer, en l’occurrence il parlait de podcast et de blog. Alors bien sûr, c’est un vendeur professionnel, mais, dans le fond, je me demande s’il n’a pas raison.
On vit dans un monde capitaliste, c’est un fait. Quand tu vas chercher du pain au boulanger, tu paies, si tu veux de l’essence pour la voiture, tu paies, si tu veux des conseils juridiques, tu paies. Bien ou mal, c’est le monde tel qu’il est.
Le gratuit, voire le tout gratuit, fait semblant de renverser ce modèle. On sait tous que c’est faux, on dit souvent “si c’est gratuit, c’est que VOUS êtes le produit”. Autrement dit, si quelque chose est gratuit, c’est que c’est un produit d’appel visant à vous faire acheter plus tard, ou alors il y a de la publicité, ou on vend vos données… bref, au fond, rien n’est vraiment gratuit.
Les blogueurs et les podcasteurs sont dans le même monde que vous, on doit tout payer, comme vous. On prend du temps à faire nos podcasts et nos articles, du temps qu’on prend sur nos activités personnelles, voire même professionnelles. On achète du matériel, on a un hébergement web, un non de domaine, bref, on dépense de l’argent.
Par exemple, vous savez que j’ai commencé un podcast sur l’anthropologie. Vous voulez savoir combien ça m’a coûté ? L’hébergement, comme j’utilise le même pour d’autres blogs, c’est 20 euros par année, le nom de domaine 16 euros par année, l’hébergement chez Blubrry à 120 euros à l’année. Jusque là, pas grand-chose, mais si j’ajoute mes deux micros pour les interviews c’est 200 euros, l’enregistreur Zoom H6 370 euros. Pour les quatre premiers épisodes, j’ai été jusqu’à Strasbourg pour rencontrer Franck Michel, le train m’a coûté 80 euros aller et retour. Fort heureusement, j’ai profité de la grande hospitalité de Franck et de sa femme, mes dépenses s’arrêtent donc là. Quoiqu’en fait, non, j’ai pris un jour de congé, soit une perte d’à peu près 200 euros. Donc, si on fait le total, on arrive à 1006 euros pour quatre épisodes.
Bien sûr, j’avais déjà le matériel, amortit sur la durée de voyagecast ça va encore, mais si j’avais commencé avec anthropodcast, ça aurait été mes dépenses. Sur l’année, en contant 50 euros de train pour quatre épisodes, ce qui est raisonnable en Suisse, on arrive à un peu plus de 300 euros de train.
Tout ça pour dire que ce n’est pas parce que vous, auditeurs, vous ne payez pas, que c’est gratuit. Et c’est exactement pareil pour les blogs de voyage, en enlevant le prix du matériel audio, souvent remplacé par du matériel photo ou vidéo au moins aussi cher. Et là, dans mon calcul, je n’ai ni compté le temps du montage, de l’écriture de l’article, de tout le bazar autour…
La question du blogueur voyage, c’est de savoir comment se rembourser au moins un peu sur ses dépenses. Il y a pas mal de possibilités, du genre des bannières, mais ça ne paie pas, les liens sponsorisés qui paient de moins en moins, etc. Et une des manières, c’est justement les livres en PDF.
Personnellement, j’aime bien ça, même si j’en ai lu ou acheté très peu. C’est une façon noble de monétiser sans arnaquer personne, faire un PDF sérieux demande beaucoup de travail et les retours sur investissement ne sont pas forcément exceptionnels, du moins pour la plupart.
La question, très capitaliste il faut le dire, est la suivante “combien est tu prêt à payer pour avoir des conseils ou des informations ?”. Réfléchis bien à la réponse, parce que toute recherche à un coût. Par exemple, si tu les fais toi-même, comme le temps c’est de l’argent, tu dois compter le temps qu’il te faut pour les avoirs, et calculer ensuite le total en fonction de ta charge horaire. En prenant le SMIC en France, on peut dire qu’une heure vaut un poil plus que 10 euros. Donc, si tu trouves ton info en 30 minutes, tu as dépensé 5 euros. Si ces infos sont disponibles dans un ebook à 5 euros, tu ne gagnes rien, s’il est à 4 euros, c’est du bénéfice de l’acheter. Autrement dit, et tu sais comme moi que trouver des bonnes infos, bien écrites, bien ciblées, c’est long, et bien ça peut être très rentable d’acheter des ebooks de voyageurs.
Et puis, autre point positif sur les ebooks. Imaginons que tu aies utilisé un blog de voyage plusieurs fois pour organiser tes voyages, trouver des idées, tu as peut-être même posé une question au blogueur. En soi, tu n’as rien sortit de ta poche pour ces conseils, que tu aurais du trouver autrement sinon, via une revue ou à un livre payant. Tu peux considérer qu’acheter son ebook est un moyen de le soutenir un peu financièrement tout en payant ses conseils.
Donc, je suis plutôt pour, mais à quelques conditions:
J’ajoute que certains blogueurs vous proposent un remboursement intégral sous 30 jours si vous n’êtes pas satisfaits du contenu, donc vous prenez peu de risques.
Dernier point, tu te fais peut-être du souci sur la destination de l’argent, payer pour qu’un autre voyage c’est dérangeant pour certains. Moi, je m’en tape royalement de ce que font les gens avec leur argent. Quand je vais au cinéma, je paie les acteurs qui vont dépenser mon argent en alcool, en drogue et en filles, ça ne me plait pas, mais ce n’est pas mon problème. A priori, j’aime autant payer un blogueur pour qu’il puisse voyager. Mais encore une fois, pour la grande majorité des blogueurs ce n’est pas de quoi se payer des suites et des jets privés…
Amélie: moi j’aimerais bien savoir quel est ton podcast préféré et pourquoi. J’aimerais bien aussi savoir si tu prévois ce que tu vas enregistrer avant ton voyage ou si c’est au feeling durant le voyage
Dur à dire, je vais faire une liste, mais il n’y en aura pas qu’un:
Mais sinon, tous les épisodes de voyagecast ont un petit truc que j’aime bien, et j’ai vraiment plaisir à les enregistrer, quand je regarde en arrière, j’ai quand même reçu pas mal de gens et ça ne s’est jamais mal passé, et au contraire on parle souvent beaucoup trop. Je n’ose pas vous dire combien de fois on a dû faire un entre rendez-vous pour enregistrer, simplement parce qu’on avait trop parlé, genre trois heures, et que du coup on avait plus le temps pour enregistrer. Je pense que ça s’entend dans les podcasts, l’air de rien, quand on enregistre, on ne s’est généralement jamais vu, on a échangé deux ou trois mails, et pourtant à l’écoute ça passe bien, la preuve qu’il y a vraiment quelque chose qui passe, de vrais contacts humains.
Thang: à vos avis, on peut voyager autour du monde avec un budget de 700 USD ? Si oui il faut prendre combien de temps? Merci
Un peu difficile à répondre, parce que ta question est imprécise, 700 $ c’est pour la totalité ou par mois ? Je vais y revenir.
Déjà, combien de temps pour voyager autour du monde ? Une des solutions les plus rapide, c’est d’aller dans la Station Spatiale Internationnale, il te faudra 90 minutes pour tourner autour de la terre, soit 16 tours du monde par jour, pas mal non ? En avion, le record de Steve Fosset est de 9 jours et 3 minutes, en bateau c’est 45 jours, 13 heures et 42 minutes, à pied j’ai lu 5 ou 10 ans, mais c’est plus compliqué. On est d’accord, c’est pour le lol, mais quand tu me parles de temps, j’ai envie de pousser ta réflexion plus loin.
Ta question est intéressante, tu dis, il faut “prendre” combien de temps. Je ne sais pas si tu as déjà voyagé, mais si tu l’as déjà fait, tu es conscient, comme nous tous, qu’on n’a jamais assez de temps. Faire une escale de 3 jours, c’est trop court, 3 semaines aussi, 3 mois aussi, peut-être que 3 ans, ça commence à le faire.
Dans une question précédente, j’ai justement dit que le principal dans les voyages, pour moi en tout cas, c’est les rencontres. Les rencontres demandent du temps. Plus les gens te voient dans le paysage, plus ils vont aller vers toi, et plus tu vas aller vers eux, parce que tu te seras arrêté, tu auras changé la situation. Donc, pour les rencontres, il te faudra beaucoup de temps.
Ensuite, dans un long voyage, l’intérêt c’est justement d’oublier le temps. Tu te plais à l’endroit où tu es ? OK, restes-y 3 mois, pourquoi bouger ? Tu vois qu’un projet se fait, que tu peux donner un coup de main ? OK, arrête-toi et profite, prends ta chance.
Ensuite, il ne faut pas oublier les impondérables, maladies, fatigues, coups d’état, déprime, accident, météo trop compliquée, visas qu’on n’arrive pas à avoir, tout ça prend du temps.
Je suis décourageant ? C’est fait pour, je vais te dire un truc, je n’aime pas les tours du monde. Pour moi, ça s’apparente à de la consommation un peu trop forte. Généralement, on a quelques mois tout au plus, et ce sont des voyages qui coutent très cher à cause de l’avion, et le temps contre lequel tu vas devoir jouer te fera faire des dépenses inutiles. Si ton trip c’est d’aller faire 10 endroits dans le monde, pourquoi pas, mais je pense qu’on idéalise trop ces voyages, et surtout qu’on peut faire différemment.
Au lieu de prendre le monde, prend un continent, c’est déjà plus petit. Et puis, surtout, ça te permet de prendre du temps et d’arrêter de raisonner de pays à pays, mais en territoires plus vastes. En tour du monde, tu vas faire un stop à Bangkok et un à Tokyo peut-être, voire à Pékin en escale. Cool, mais… tu auras vu l’Asie ? Non !
À ta place, je prendrais 6 mois ou une année, et je me baladerai en Asie ! Le billet pour la Thaïlande est peu cher, et ensuite tu utilises les transports en commun, et là au lieu de passer en coup de vent, tu vas vivre en Asie, c’est plus fou non ? Et même là, imagine que tu te trouves un petit village sympa au Cambodge, ou que tu tombes amoureux des plages aux Philippines, ou de l’Himalaya, et bien tu pourras y rester ! Plutôt que de passer en vitesse et te dire, “cool, j’aurais tellement aimé rester là quelques jours, mais mon avion part dans une semaine et j’ai encore 13 trucs à voir”, tu pourras te poser, tranquille, prendre le temps, oublier tout et vivre l’instant présent.
Bien sûr, tu peux le faire en Amérique du Sud, en Afrique, en Australie, en Amérique du Nord, tout est envisageable.
Point de vue temps, mis à part si tu as des obligations familiales, professionnelles ou que tu as une santé physique pas au top, la seule chose qui va limiter ton temps de voyage, c’est l’argent.
On dit qu’on peut s’en sortir avec 20 euros par jour, voire moins, c’est clairement possible du moment que tu ne fais pas le fou et que tu évites l’Amérique du Nord et une grande partie de l’Europe. Donc, 700 $ ça fait 500 euros, à 20 euros par jour il t’en faut 600, donc c’est peut-être un poil limite, mais ça peut passer, surtout si tu limites tes transports en commun et que tu as le temps de trouver des bons plans à chaque endroit ou tu t’arrêtes.
Il y a juste un ou deux conseils que je donnerai sur l’argent en voyage, des trucs qu’on ne pense pas, important dans les longs voyages:
Si tu as des soucis à amasser des sommes d’argent assez grandes pour ton voyage, tu devrais peut-être envisager d’autres solutions, comme le Service Volontaire Européen, le Permis Vacances Travail, le travail dans des associations à l’international… Il y a souvent des moyens, il suffit juste de s’y mettre à fond de penser “out of the box”.
Donc, mes conseils:
Sylvain (Suisse-moi.com): est-ce que tu es des fois sur Lausanne et que tu accepterais que je t’offre un verre ?
Même une bouteille si tu veux ! Avec grand plaisir, on se contacte en privé pour organiser ça ! Pour ceux qui ne le connaissent pas, Sylvain est blogueur et fait des vidéos sur ses voyages avec des défis sympas, mention spéciale pour la dégustation de Cenovis en plein marché au Bénin ! Et d’ailleurs, si vous êtes ou que vous passez en Suisse, n’hésitez pas, il y a moyen de se voir et de déguster une bonne bière !
Et voilà mes petites réponses, si vous avez d’autres questions ou que vous voulez réagir à l’émission, n’hésitez pas !
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